Ce jeudi 10 avril, le préfet Jean-Marie Girier était à Lacq, dans la salle de l’Agora, pour donner le coup d’envoi du programme ZIBaC – Zones Industrielles Bas Carbone. Une initiative nationale, dont les quatre plateformes du bassin de Lacq font désormais partie.
En Nouvelle-Aquitaine, l’industrie est le quatrième émetteur de gaz à effet de serre, représentant 10 % des émissions régionales, derrière le transport (40 %), l’agriculture (27 %) et le secteur résidentiel (12%). En 2019, cela équivalait à près de 5 000 kilotonnes de CO₂ rejetés. Avec ZIBaC, le bassin de Lacq entend inverser durablement cette tendance, en devenant un exemple national de transition industrielle.
La convention officialisant le lancement a été signée la semaine précédente. Sur place, l’ambition était claire : faire de « Lacq iz BACarbone » un modèle de décarbonation industrielle à l’horizon 2030. Le préfet a souligné l’enjeu : « Il est nécessaire de faire évoluer nos zones industrielles et de porter une démarche d’exemplarité. » Objectif final : la neutralité carbone en 2050.
Une dynamique déjà engagée
Les industriels du bassin n’ont pas attendu ce programme pour initier des investissements individuels en faveur de la décarbonation. Mais avec ZIBaC, c’est une véritable dynamique collective qui s’enclenche. Ce sont désormais 17 partenaires – 15 industriels, la communauté de communes Lacq-Orthez et Chemparc – qui s’unissent autour d’un projet commun, piloté par l’Ademe dans le cadre du plan France 2030.
43 études pour dessiner l’avenir
Le programme entre dès à présent dans une phase dite de « maturation », avec le lancement de 43 études sur deux ans, pour un coût total de 3,8 millions d’euros, financé à parts égales par l’Ademe et les industriels. Ces études seront pilotées par Chemparc, Sobegi, Teréga et Elyse Energy. Elles permettront de définir des trajectoires partagées et de guider les investissements à venir. Le Zibac, lui, arrive comme un levier financier, « on apporte des aides pour inciter les entreprises à passer à l’acte » confirme Emmanuel Bejanin, directeur régional délégué de l’Ademe.
Les thématiques sont nombreuses : la stratégie de gouvernance, l'énergie bas carbone, la valorisation du gaz épuré de Lacq, la captation et le stockage du CO2 (hors gisement de Lacq), la gestion de l’eau pour anticiper les sécheresses (comme la mise en place de réseaux fermés), ou encore l'amélioration des infrastructures interindustrielles (canalisations, rail…).
« Cette démarche va permettre de définir le futur du bassin de Lacq », affirme Hang Le Goff, récemment arrivée chez Chemparc pour piloter le projet. « Chaque site a ses spécificités. Il nous faut créer une synergie industrielle et mettre en place une économie circulaire. »
Des échanges concrets pour enclencher la mobilisation
La réunion s’est conclue par des tables rondes réunissant les 17 partenaires, l’occasion d’aborder ensemble les enjeux majeurs liés à l’acceptabilité sociétale, aux ressources disponibles et aux infrastructures à adapter. Un moment d’échange essentiel pour aligner les visions et mettre tous les signataires en ordre de marche.
L’ambition dépasse la seule transition environnementale. « Il faut avoir une approche globale », insiste le préfet. « Ce projet est aussi porteur d’emplois et de formations. C’est un projet de territoire ».
La suite du programme s’articulera autour de plusieurs scénarios d’évolution, avec un accompagnement renforcé et un suivi sur cinq ans. « Le but n’est pas de fermer une usine pour réduire de moitié les émissions, mais d’embarquer tout le monde dans une trajectoire vertueuse », conclut Hang Le Goff.
Lire l'article sur ce sujet dans La République